- Panne de vent généralisée sur l’ensemble de la flotte
- Le retour du vent de sud-ouest attendu dans la soirée
- Yann Eliès (Groupe Quéguiner – Leucémie Espoir) et
Alexis Loison (Groupe Fiva) aux commandes Comme prévu la flotte de la 46ième Solitaire du Figaro - Eric Bompard cachemire progresse au rythme des variations des conditions, qui se succèdent comme dans les livres. Après le passage d’un front qui a rythmé la première nuit en mer, les 39 solitaires avaient rendez-vous avec une dorsale anticyclonique. Une bulle sans vent qui ne leur a pas fait faux bon et les oblige, ce lundi après-midi, à une vigilance de tous les instants pour attraper la moindre risée salvatrice dans leurs voiles. La guerre des nerfs est engagée et l’Espagne semble encore très loin. D’entrée de jeu dans le coup ! Alexis Loison (Groupe Fiva), vainqueur de la première étape l’an passé, n’a visiblement pas son pareil pour marquer des points et les esprits dès le début. Après un beau départ, le Cherbourgeois, inspiré, s’est calé, dès la première nuit sur la route directe quand le gros des troupes, emmené ce matin par Yann Eliès (Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir), mettait volontiers plus de nord dans sa route. Bien lui en a pris, puisque en fin de matinée, il a eu le plaisir et la grande satisfaction de croiser devant ses petits camarades. Eole n’avait pas encore coupé les ventilateurs et les marins progressaient, doucement mais sûrement, sous spi. Une dorsale sur le dos Sur les coups de midi, changement d’ambiance et nouveau décor sur les eaux du golfe de Gascogne d’humeur très tranquille. A l’ouest, le soleil fait son apparition derrière la couche nuageuse. Un signe qui ne trompe personne, la dorsale anticyclonique et ses isobares distendus prennent peu à peu leurs quartiers. Les vitesses qui oscillent péniblement entre 0,5 et 2 nœuds le confirment. C’est parti pour une longue après-midi au petit bonheur la chance sur une mer d’huile. Sur les ondes VHF, les skippers, encore très loquaces dans la matinée, sont cette fois beaucoup moins bavards. Preuve s’il en est que l’heure est venue de ne surtout rien lâcher, et de ne pas se laisser disperser. Dans ces conditions, difficile d’y voir clair dans les classements qui n’ont pas fini de connaître des bouleversements alors que les 16 premiers se tiennent en 2,5 milles. La hiérarchie préétablie semble bien fragile, même si les gros bras du circuit, rompus à l’art délicat de négocier les transitions, sortent leur sillage de ce jeu à haut risque. Jérémie Beyou (Maître Coq), Charlie Dalin (Skipper Macif 2015) ou encore Gildas Morvan (Cercle Vert) figurent, sans surprise, aux avant-postes. Alain Gautier (Generali 40), fort de son immense expérience, pointe aussi parmi les leaders. En attendant le vent… A ses côtés, Sophie Faguet (Région Basse Normandie), qui dispute sa toute première Solitaire du Figaro - Eric Bompard cachemire, montre qu’il faudra compter avec elle. Plus en arrière, les retardataires, logés à la même enseigne de la pétole molle, voient en revanche les écarts se creuser, puisque 12 milles séparent déjà l’amateur Marc Pouydebat (France AVC) du chef de file. D’après les dernières prévisions, les solitaires vont devoir encore ronger leur frein quelques heures, avant que le vent ne fasse son retour par le sud-ouest en début de soirée ; et les accompagne, au louvoyage, jusqu’en approche du cap Finisterre. Le rythme devrait alors franchement s’accélérer avant les premières arrivées désormais estimées dans la matinée de jeudi matin. Ils ont dit : Yann Eliès (Groupe Quéguiner - Leucémie Espoir) : « A peu de choses près, le scénario se passe comme on pouvait s’y attendre. Là, on est en train de traverser la dorsale. Il y a eu un petit « pif-paf » sous spi à faire qui n’était pas forcément prévu, mais sur ce type de petits coups qu’il faut s’avoir improviser. A présent, on entame une longue demi-journée dans du pas de vent avec pas mal de clapot. Il faut donc avoir la technique du « flip-flap » qui consiste à faire avancer ton bateau même quand il n’y a pas de vent. Je suis content de mon positionnement par rapport à mes petits copains qui étaient les plus proches il y a encore quelques minutes ou quelques heures. En revanche, il y a quelques bateaux qui sont excentrés de nous qui peuvent être vraiment dangereux. Il y a Alain Gautier, Gildas Morvan… Je vais surveiller attentivement leur trajectoire tant qu’on les reçoit à l’AIS (système d’émission de position par VHF, ndlr) J’espère que, s’ils nous croisent devant, ils ne vont pas nous mettre trop cher. Cette nuit, j’ai réussi à dormir un petit peu, ce qui était plutôt pas mal. Depuis, j’ai réussi a voler 10 minutes de sommeil toute à l’heure sous spi, mais à présent, c’est quasiment mission impossible. Dans la pétole, on subit plus qu’autre chose. Plus que le positionnement, le jeu consiste à être très précis sur les réglages pour accompagner les évolutions du vent qui va passer au sud-ouest, de placer un virement de bord dans quelques heures, et entamer un grand bord de près en bâbord amures vers le large. » Corentin Douguet (Sofinther - Un maillot pour la vie) : « Ce n’était pas terrible comme entrée en matière. J’ai touché la bouée au départ, et après comme je préfère le médoc aux côtes de Blaye, je suis plus allé de ce côté, mais cela n’a pas été très payant. Cette nuit, tout s’est à peu près bien passé et là, à présent, on est dans la dorsale, et le vent répond aux abonnés absents. J’espère m’en extraire le plus tôt possible, et si possible avant les autres. J’essaye d’exploiter le moindre souffle pour faire avancer le bateau. Dans ces conditions - cela a l’air de rien, on entend les voiles qui claquent - mais les quelques mètres grappillés qui te rapprochent de la sortie peuvent se transformer en centaines de mètres, voire quelques milles. Cette nuit, les conditions n’étaient pas très stables, pour faire avancer le bateau il fallait être dessus, et je n’ai pas énormément dormi. Je pense que la situation sera un peu plus propice au sommeil une fois qu’on aura traversé la dorsale et touché le vent de sud-ouest. » Alain Gautier (Generali 40) : « On a eu une sortie de Gironde qui s’est à peu près bien passé, puis un petit bord de près avec de la pluie. Et puis après, ça s’est posé un petit peu, petit spi largue serré. Un coup de spi, un coup de pas de spi, on a de tout. On ne choisit pas toujours son positionnement. J’étais derrière, puisque j’ai volé le départ ; et dans ces cas là, c’est mois facile de choisir où tu veux aller. Il y a du monde devant, tu cherches du vent frais. Cela a bien fonctionné jusqu’à présent, mais la suite pourrait se révéler moins favorable. Dans ces conditions, il ne faut pas s’énerver, il faut observer et rester calme, se reposer et s’alimenter parce que l’étape va être longue. » |