Décalage du départ de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe : « à conditions météorologiques exceptionnelles, décision exceptionnelle »
Des visages concentrés, tendus, marqués par une forme de gravité. L’ensemble des 138 marins de La Route du Rhum - Destination Guadeloupe avait rendez-vous à l’auditorium du Palais du Grand Large, ce samedi matin, pour le traditionnel briefing météo d’avant course. Tous avaient en tête le scénario du départ, ce front qui allait balayer la flotte entre la première nuit de course et toute la journée de lundi. Depuis plusieurs jours, les échanges ont été constants entre la direction de course, les skippers, leurs classes respectives et leurs partenaires. Ce matin sur scène, Francis Le Goff, Directeur de Course, y a fait référence : « nous avons reçu et écouté toutes vos remarques » et « travaillé de concert avec Météo Consult ». Pour Francis Le Goff, « les conditions après le départ en Manche » engendrent une « situation exeptionnelle, un véritable blocage incompatible avec la sécurité des marins et le bon déploiement d'une course de grande ampleur ».
« Conserver l’écrin de la course »
Et Francis Le Goff d’ajouter : « en concertation avec l’organisation, le départ de dimanche est décalé, vraisemblablement à mardi dans la soirée ou mercredi matin ». Dans la foulée, l’ensemble des skippers et des membres de leurs équipes techniques ont applaudi énergiquement. Une salve d’applaudissements à valeur de soulagement pour les marins.
« C’est la sécurité des marins et de leurs bateaux qui a primé », poursuit Francis Le Goff. Sur scène, Hervé Favre, président d’OC Sport Pen Duick, se veut rassurant : « cette décision s’est imposée à nous et il s’agit d’une péripétie comme il en existe tant en course au large. La course sera magnifique, nous l'attendons depuis 4 ans. Nous saurons patienter 2 jours supplémentaires ». « Nous sommes désormais pleinement mobilisés à ajuster tous nos dispositifs avec la ville de Saint-Malo, la Région Bretagne et la Région Guadeloupe afin de continuer à profiter pleinement de cet événement », abonde Joseph Bizard, Directeur Général d’OC Sport Pen Duick. L’amélioration des conditions, prévue pour le milieu de semaine, permettra donc d’assurer le départ de cette 12e édition. De quoi assurer une belle fête sur l’eau.
© Alexis Courcoux / #RDR2022
Village, veille de fermeture : Le village fermera ses portes demain soir à 17h00 après 13 jours de fête et de partage entre un public nombreux et les 138 concurrents. Les bateaux resteront dans les bassins Vauban et Dugay Trouin (IMOCA, Class40, Ocean Fifty, Rhum Mono et Multis) jusqu'au départ pour finaliser les derniers préparatifs avant le grand saut dans ce monument de course océanique. Seuls les Ultim32/23 seront au mouillage, à l’extérieur du port.
ILS ONT DIT
Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI, Ultim 32/23) : « On discutait avec la Direction de Course depuis quelques jours. Les conditions sont exceptionnelles. Aucun des marins en Ultim 32/23 n’a déjà affronté ces conditions. Avec les côtes bretonnes sous le vent et le trafic maritime, on allait dans le mur. Le noyau de mer formé par cette ancienne dépression tropicale est une situation très particulière. Ça fera de très belles images lundi à la pointe Bretagne, mais c’est mieux que l’on ne soit pas dedans. Un nouveau départ mercredi promet quand même des conditions engagées. Le vent restera calé à l’ouest mais la houle va se calmer progressivement. »
François Gabart (SVR Lazartigue, Ultim 32/23) : « En partant mardi ou mercredi, on prendra quand même des risques ! Nous sommes très nombreux au départ et c’est un paramètre important qui a sans doute joué. C’est aussi une bonne façon de réfléchir que de ne pas se croire plus fort que la météo et les éléments. On aurait pu renoncer de façon individuelle, c’est courageux de le faire de façon collective. Je n’ai pas trop d’inquiétude sur la préservation de nos bateaux mouillés derrière la pointe de Dinard. Évidemment, nous serons vigilants et il y aura toujours du monde à bord pour le garder en sécurité. »
© Guillaume Gatefait
Sam Goodchild (Leyton, Ocean Fifty) : “Que ce soit une bonne décision ou une mauvaise, elle a été prise pour nous tous, ce qui est bonne chose. Certains d’entre nous se posaient déjà la question de savoir s’il ne vaudrait pas mieux attendre une fenêtre plus propice. C’était une option pour moi car mon objectif est de gagner. On a une belle équipe autour de nous et nous nous sommes préparés pour toute éventualité. C’est la Route du Rhum et nous sommes au mois de novembre. Du coup, on avait déjà envisagé cette possibilité.”
Kevin Escoffier (Holcim-PRB, IMOCA) : « C’est la bonne décision, tout le monde est d’accord là-dessus, que ce soit nos météorologues, les skippers et l’organisation. C’est un évènement qui est suffisamment beau en soit pour ne pas rajouter d’accidents à l’histoire. Il y avait trop de paramètres qui pouvaient engendrer des accidents, des collisions et ce n’est souhaitable pour personne. Si on veut être responsable, c’est la bonne décision. »
© Polaryse
Boris Herrmann (Malizia – Seaexplorer, IMOCA) : « C’est un gros soulagement. Cela donne un peu plus de temps pour travailler sur les derniers petits détails. La météo aurait été éprouvante. Ce sont les deux premières heures de course qui m’inquiétaient le plus. L’idée de louvoyer dans un petit couloir avec 138 bateaux m’a empêché de dormir. »
Yoann Richomme (Paprec Arkéa, Class40) : « Cette décision a été une petite surprise pour moi parce que j’étais concentré sur un départ de course demain. Je pense que c’est une décision correcte de la direction de course qui doit juger selon de nombreux critères de sécurité et d’organisation pour toutes les classes. Et ce n’est que partie remise pour un départ mardi ou mercredi. »
Aurélien Ducroz (Crosscall, Class40) : « Plus ça allait, plus les voyants étaient au rouge. On allait au carton. Ce sont les éléments qui dictent notre sport, et là ils nous disaient clairement non. Je n’ai jamais connu cette situation en bateau mais en montagne, j’ai passé ma vie à réduire les risques, à ôter les doutes, à trouver des solutions quand il y avait des dangers. Là, on se trouve dans une situation d’alerte d’avalanche 5/5. Pour être sincère, je savais que j’allais partir avec quasiment la certitude de faire demi-tour. Cette décision est normale. »
Philippe Poupon (Flo, Rhum Multi) : “C’est une sage décision ! C’est évidemment ce qu’il fallait faire. Ma philosophie, c’est que c’est le directeur de course qui décide du départ. Libre à chacun ensuite de suivre sa voie.”
Marc Guillemot (METAROM MG5, Rhum Multi) : “C’est la meilleure option que Francis Le Goff pouvait prendre. On est bien conscient que ce n’est pas un choix facile à prendre dans une organisation telle que la Route du Rhum - Destination Guadeloupe ! Nous avions déjà pris la décision entre Rhum Multi de prendre le départ, de rentrer après la Bouée de Fréhel et de repartir avec un départ collectif mardi soir ou mercredi matin. “
LA VIE DU VILLAGE – Baptêmes pluvieux, baptêmes heureux
L’annonce du décalage du départ s’est vite répandue dans les allées du village. Pourtant, l’enthousiasme était toujours de mise pour les visiteurs qui pourront donc profiter des bateaux une poignée de jours de plus. Comme tous les jours, l’ambiance était festive ce samedi. Dès le début d’après-midi, les Rhum Multi et Mono ont franchi à nouveau les écluses pour faire leur retour dans le port. Du côté des IMOCA, trois baptêmes ont eu lieu : Sur Lazare, Tanguy Le Turquais l’a réalisé aux côtés de plusieurs membres de l’association – les « collocs » (membres) de l’association Lazare - dont l’une s’est offerte une montée au mât.
Chez Initiative-Cœur, Samantha Davies accueillait ainsi le parrain et la marraine du bateau, respectivement l’astronaute Thomas Pesquet et la journaliste Nathalie Renoux. Un moment convivial où était notamment présent l’acteur François Damiens, habitué des ambiances des grandes courses. Enfin, une bénédiction riche en émotion a eu lieu sur le bateau de Louis Burton. C’est son fils, Lino, qui a été désigné parrain du bateau.
© Jean-Louis Carli #RDR2022
Report du départ de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe virtuelle
L’annonce est tombée à 10h30 ce matin lors du briefing météo des skippers : le départ de la 12ème édition de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe est reporté à mardi 8 novembre au plus tôt du fait des conditions météo attendues sur l’eau en début de course. Le départ de la course sur Virtual Regatta Offshore est donc lui aussi décalé. Il sera donné au même moment que celui de la course physique.
A l’instar des 138 skippers en lice sur La Route du Rhum – Destination Guadeloupe, les centaines de milliers de joueurs devront patienter quelques jours supplémentaires avant de prendre le départ de la course sur Virtual Regatta Offshore. L’opportunité de peaufiner les derniers réglages, de prendre encore plus le temps d’étudier la météo et de se préparer au mieux pour les premiers jours de course. « Notre volonté est que la course virtuelle soit la plus proche de la course physique. Nous avons donc pris la décision évidente de décaler le départ et attendons la décision de la Direction de Course avant d’annoncer la nouvelle date à notre communauté », indique Ivan Pavlovic, directeur général adjoint de Virtual Regatta.
A propos de
La Route du Rhum – Destination Guadeloupe
Créée en 1978 par Michel Etevenon, La Route du Rhum - Destination Guadeloupe est la reine des courses transatlantiques en solitaire. Depuis 44 ans, elle relie Saint-Malo en Bretagne à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, et regroupe sur une même ligne de départ le plus grand plateau de la voile océanique. Cette transatlantique, d’une distance totale de 3542 milles, est devenue mythique et sa magie opère dans la diversité des classes et le mélange des genres. Grandes figures de la voile, professionnels et amateurs se retrouvent tous les 4 ans pour goûter à « la magie du Rhum ».
OC Sport Pen Duick
OC Sport Pen Duick est la filiale française du groupe OC Sport en charge des événements de course au large. Créé pour gérer les campagnes sportives d’Eric Tabarly, d’une part, et Dame Ellen MacArthur de l’autre, figures emblématiques du sport international, le groupe perpétue fidèlement l’esprit et les valeurs qui animaient ces pionniers fondateurs : vivre et partager des expériences uniques avec le public, les sportifs et les partenaires.
Historiquement engagé dans la course au large, le groupe a développé une expertise unique dans la voile professionnelle en s’appuyant sur un double savoir-faire dans la gestion d’équipes et l’organisation des courses les plus prestigieuses (Route du Rhum - Destination Guadeloupe, The Transat CIC, La Solitaire du Figaro, la Transat Paprec, ARKEA ULTIM CHALLENGE – Brest…).
OC Sport est une société du Groupe Télégramme.